Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Les Trois Montagnes

Ceux qui sont déjà passés sur l’autre rive savent bien ce que sont les rigoureuses ordalies de l’Initiation.

Ce n’est pas un délit de se séparer du monstre aux mille visages (l’humanité), afin de l’aider efficacement.

À l’âge de trente ans, je fus soumis à de terribles et terrifiantes épreuves. Ce que je vis alors, ce qui m’arriva, vaut bien la peine d’être raconté.

Lorsque, la nuit du mystère, je sentis près de moi le hurlement de l’ouragan, alors, je compris.

Je me trouvais si seul, cette nuit-là, et cependant, où que je me trouve, ici, là ou là-bas, très vite, je me vis entouré par une foule, sans savoir comment les gens arrivaient vers moi, et ensuite.

De nouveau seul, l’ouragan se mit à hurler, je compris alors ce que le vent emportait. Aujourd’hui je parle, parce que…

Quelle rumeur,

Au loin sonne,

Et a brisé le silence,

Dans la nuit noire et sereine ?

Est-ce du cheval la course rapide,

Tendu dans une échappée volante,

Ou l’âpre rugissement de la lutte affamée,

Ou cette fois le sifflement de l’Aquilon,

Ou l’écho rauque d’un lointain tonnerre,

Qui résonne dans les profondes cavernes,

Ou la mer qui annonce de son sein gonflé,

Un nouveau Luzbel, sur le trône de son Dieu ?

Car tous ces spectres de la nuit du mystère ont été vus aussi par le poète qui chanta ainsi :

Un épais brouillard,

Couvre le Ciel,

Et se peuple,

D’esprits errants et vaporeux,

Qui croisent le vent,

Ici et là,

Et innombrables,

Et ils prennent ici,

Et tournent là-bas,

Puis se joignent,

Et s’éloignent,

Maintenant se cachent,

Maintenant apparaissent,

Ils errent, ils volent.

Un essaim de vains fantasmes,

Aux formes diverses et aux couleurs variées,

Erre en chevauchant des chèvres, des serpents, des corbeaux,

Et des manches à balai, avec une sourde rumeur.

Ils passent, fuient,

Tournent, croissent,

Diminuent,

S’évaporent,

Se colorent,

Et parmi les ombres,

Et les reflets,

Proches et lointains,

Maintenant se perdent ;

Puis ils m’évitent,

Avec crainte ;

Maintenant ils s’agitent,

Avec fureur,

Dans une danse aérienne fantastique,

Autour de moi.

Au milieu de tous ces cris, hurlements, sifflements, hennissements, grincements, beuglements, croassements, miaulements, aboiements, mugissements, ronflements et coassements, il continue à entendre, le voyant poète, en nous parlant avec des mots qui sont des coups de pinceaux livides et phosphorescents du Greco dans des apparitions extraordinaires comme celles des Caprices de Goya.

De toutes parts, des boucliers avec des lions rampants, des coquilles Saint-Jacques, des maures décapités, des fleurs de lys et des truites, partout, des palais, de grandes bâtisses en ruines, plus misérables les unes que les autres.

Je dus plusieurs fois affronter vaillamment les Puissances noires dont parle l’apôtre Paul de Tarse dans le deuxième chapitre de l’Épître aux Éphésiens.

L’adversaire sans aucun doute le plus dangereux de cette nuit-là, avait le titre fatal d’Anagarika. Je me réfère ici avec insistance au démon Chérenzi.

Cette répugnante créature ténébreuse avait enseigné au monde le Tantrisme noir (la Magie sexuelle avec éjaculation séminale).

Le résultat apparaissait au premier coup d’œil : une queue diabolique développée et des cornes horripilantes.

Ce tantrique de la main gauche se trouva en ma présence, accompagné de deux autres démons.

Il semblait très satisfait de son Abominable Organe Kundartigateur, la terrible et satanique queue de sorcier, le feu sexuel projeté du coccyx vers les enfers atomiques de l’homme : conséquence et corollaire du tantrisme noir.

À brûle-pourpoint, comme on dit par ici, je lui décochais la question suivante : « Tu me connais donc ? ».

Réponse : « Oui ! je t’ai vu un soir dans la ville de Bacata alors que je donnais une conférence ».

Ce qui arriva ensuite ne fut pas des plus agréables. Cet Anagarika m’avait reconnu et, furieux, lançait du feu par ses yeux et sa queue. Il voulut me blesser violemment. Je me défendis avec les meilleures conjurations de la Haute-Magie et finalement, il prit la fuite avec ses deux acolytes.

Solitaire, je continuais mon chemin dans la nuit du mystère ; l’ouragan hurlait.

Au plus profond de ma conscience, j’avais l’étrange sensation de faire mes adieux à tout et à tous.

Haletant, épuisé, après avoir lutté plusieurs fois contre la tyrannie du prince des puissances de l’air, qui est l’esprit qui règne maintenant sur les fils de l’infidélité, j’entrais dans l’Église gnostique.

Un Temple d’un marbre si lumineux, qu’il ressemblait plutôt à du cristal, du fait de sa rare transparence.

La terrasse de cette Église transcendée dominait, invaincue, comme une acropole glorieuse, l’entourage solennel d’une pinède sacrée.

De là, le firmament resplendissant et constellé d’étoiles pouvait être contemplé comme autrefois dans les Temples atlantes, ces Temples aujourd’hui enfouis, chantés avec nostalgie par l’extraordinaire poésie de Maeterlink, d’où Asuramaya, l’astronome disciple de Nadara, les premières observations pour découvrir les cycles chronologiques de milliards d’années, il enseigna ensuite ses découvertes à ses chers élèves à la lumière blafarde de la Lune, ainsi que le pratiquent aujourd’hui ses pieux successeurs.

J’entrais lentement en marchant très doucement et dans une attitude déférente dans le lieu saint.

Mais, quelque chose me surprend. Je vois un personnage qui, en traversant mon chemin, me barre la route. Une autre bataille ? Je me prépare à me défendre, mais le personnage sourit doucement et s’exclame d’une voix paradisiaque :

« Tu ne me reconnais pas ? mais moi, je te connais bien ! ».

Ah ! je le reconnais enfin, c’est mon Gourou Adolphe, que j’ai toujours appelé par son diminutif Adolfito, par Dieu et Sainte-Marie ; mais qu’étais-je en train de faire ?

« Maître, pardonne-moi ! je ne t’avais pas reconnu ».

Mon Gourou me conduit en me tenant la main vers l’intérieur de l’Église gnostique. Le Mahatma s’assied et m’invite ensuite à m’assoir à côté de lui : impossible de décliner une si splendide invitation.

Le dialogue qui suivit entre Maître et Disciple fut sans aucun doute extraordinaire.

« Ici, dans l’Église gnostique, dit solennellement l’Hiérophante, vous pouvez seulement être mariés avec une seule femme, pas avec deux ».

« Toi, dans le passé, tu as donné de vaines espérances à une certaine dame X, qui pour cette raison, et malgré le temps et la distance, continue toujours à t’attendre ».

« Il est clair qu’inconsciemment, tu lui as fait beaucoup de mal, mais elle, en t’attendant, vit en ville dans la misère la plus complète ».

« Cette dame ferait mieux de retourner au sein de sa famille à la campagne et ainsi, de toute évidence, ses problèmes économiques seraient résolus ».

Étonné et perplexe en entendant de telles paroles, j’embrassais mon Gourou, en le remerciant infiniment de ses conseils.

« Maître, lui dis-je, que pourriez-vous me dire sur mon épouse Litelantes ? ».

« Oui, elle te sert pour la Magie sexuelle (Sahaja Maïthuna), avec cette Dame-Adepte vous pouvez travailler dans la Neuvième sphère (le Sexe) ».

« Ô Gourou ; ce que je désire le plus ardemment est l’Éveil de la Kundalini et l’union avec l’Intime. Coûte que coûte ».

« Mais qu’as-tu dit, ô disciple ? Coûte que coûte ? ». « Oui, Maître, je l’ai dit ».

« Cette nuit, ici, nous avons payé quelqu’un et ensuite nous lui avons confié la tâche de t’aider à éveiller la Kundalini ».

« Tu as passé l’épreuve Diréné » s’exclama l’Hiérophante, et en posant sur ma tête un turban d’une blancheur immaculée avec un bouton en or sur le devant, il dit : « Allons vers l’autel ».

Je me levais rapidement et avançais avec mon saint Gourou vers l’Autel sacré.

Je me souviens encore de l’instant solennel où, agenouillé devant l’autel sacré, je dus prêter solennellement serment.

« Coûte que coûte ! » cria mon Maître à voix haute, et cette phrase, en vibrant intensément, se répéta ensuite de sphère en sphère. Je couvris alors mon plexus solaire de la main gauche et j’étendis la main droite sur le Saint-Graal en disant : « Je le jure ! ». Terrible serment !

D’authentiques légendes de Castille, comme celle d’Alphonse VII arrachant des mains des Maures d’Alméria la fameuse écuelle ou Graal, ou mieux, la coupe, taillée dans une énorme émeraude et qui fut utilisée, dit-on, par le Grand Kabire Jésus pour la Dernière cène, cette coupe est terriblement divine.

Jurer devant la sainte Coupe !

D’anciennes légendes disent que Joseph d’Arimathie recueillit dans cette coupe au pied de la croix sur la colline du Calvaire le sang béni jaillissant de la blessure de l’Adorable.

Une semblable coupe fut auparavant offerte par la reine de Saba à Soliman ou Salomon, le roi solaire, et fut le patrimoine, selon d’autres, des Tuatha de Danann, race djinn de Gaedhil (la Galicie britannique).

On ne sait pas comment cette relique vénérée parvint à l’ermitage de Saint-Jean de la Pena dans les Pyrénées et de là continua sa pérégrination soit à la Salvatierra de Galice, soit à Valence au temps de Jacques le Conquérant, soit à Gênes où les Génois l’auraient reçue en récompense de l’aide apportée à Alphonse VII à Alméria.

Épilogue

De bon matin, j’écrivis à la noble dame affligée qui m’attendait dans sa ville lointaine.

Je lui conseillais, avec une infinie douceur, de retourner à la terre de ses ancêtres et d’oublier mon insignifiante personne qui ne vaut rien.

Ce chapitre est tiré de Les Trois Montagnes (1972) par Samael Aun Weor.

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