Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

L’aigle au plumage d’or pur, qui enleva Ganymède et l’emmena à l’Olympe pour qu’il serve d’échanson aux dieux, a toujours la coutume de chasser dans la région du purgatoire.

Cet oiseau majestueux de l’esprit fait des cercles majestueux dans l’air, puis il descend, terrible comme l’éclair, et il emporte l’âme jusqu’à la sphère du feu pour y briller avec elle, tous deux transformés en flammes vivantes.

Rappelons-nous le puissant Achille, agité et rempli d’épouvante, ignorant l’endroit où il se trouvait, lorsque sa mère le déroba à Chiron et le transporta pendant son sommeil à l’ile de Scyros, où les Grecs vinrent plus tard le chercher.

Ceci me ramène à la mémoire cette époque où j’abandonnai l’Averne pour entrer dans la région du purgatoire.

Déjà, ma Mère m’avait instruit à fond ; transformée en véritable pleureuse, elle avait navigué avec moi dans la barque de Charon, elle m’avait démontré la dissolution du moi pluralisé, et finalement elle m’avait enseigné que le mental, même dépourvu d’egos, garde ses tendances mauvaises.

Ô mon Dieu !, le moi pluralisé, lorsqu’il se dissout, laisse dans le mental ses germes de perdition.

Les yogis disent qu’il faut frire ces semences, les incinérer, les réduire en poussière cosmique.

Il est urgent de comprendre que le moi renaît comme la mauvaise herbe à partir de ses propres semences.

Je devais donc incinérer les mauvaises semences de cette herbe vénéneuse ; il me fut nécessaire d’entrer dans la région purgatoriale du monde moléculaire inférieur pour y brûler la pépinière du moi-même.

Je m’approchai jusqu’à arriver à un endroit qui jusqu’à présent m’avait paru n’être qu’une fissure, semblable à une brèche qui fend un mur, et j’y vis une porte à laquelle on accédait en montant trois marches de couleurs différentes ; dans ce portique terrible, le mot purgatoire était gravé en caractères indélébiles.

Je vis un portier, qui n’avait jusque là prononcé aucune parole ; ce génie était debout sur la marche supérieure. C’était un ange d’une beauté extraordinaire, imposant, sévère, terriblement divin ; il tenait dans sa main droite une épée dénudée qui reflétait ses rayons de lumière.

Quiconque veut pénétrer dans la région du purgatoire doit se prosterner pieusement aux pieds de cet ange et lui supplier la miséricorde d’ouvrir, en se frappant d’abord la poitrine trois fois.

Moments inoubliables et terribles que ceux durant lesquels l’ange écrit à sept reprises avec son épée la lettre « P » sur le front de l’initié. On entend alors la phrase suivante sur ses lèvres : « Tâche de nettoyer ces taches tandis que tu es à l’intérieur. »

Vous souvenez-vous du cas de la femme de Lot ? Elle fut transformée en statue de sel pour avoir regardé en arrière. L’ange du purgatoire avertit également que celui qui regarde en arrière après être entré dans le monde moléculaire inférieur perd alors son travail, qu’il ressort par où il est entré.

Cela implique un repentir absolu : ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs que par le passé, ne pas commettre de délit.

Celui qui regarde en arrière échoue, il répète les mêmes erreurs, il retourne dans son passé pécheur et ne se purifie pas.

Quiconque regarde en arrière se transforme en un échec du purgatoire. Dans le purgatoire, il faut marcher d’un pas ferme vers l’avant.

Dans la région moléculaire inférieure, on comprend à quel point la prétention et l’orgueil sont absurdes ; nous ne sommes que de simples chrysalides, de misérables vers dans la terre boueuse, à l’intérieur desquels le papillon céleste peut prendre forme à force de terribles surefforts intimes ; le fait que cela puisse se produire n’est toutefois pas une loi : ces chrysalides peuvent se perdre, et c’est ce qui se passe normalement.

Qu’ils sont bêtes, ces gens qui souffrent l’indicible à voir quelqu’un heureux ! Pourquoi mettent-ils leur cœur dans ce qui demande une possession exclusive ?

« Beati pacifici, heureux ceux qui n’ont pas le péché de la colère ! » La colère peut malheureusement se déguiser avec la toge du juge ou le sourire du pardon : chaque défaut a de nombreuses facettes.

Dans la région du purgatoire, le feu de la luxure nous fait épouvantablement souffrir ; nous revivons dans les sphères subconscientes, submergées, tous les plaisirs de la passion sexuelle, mais cela nous cause une douleur profonde.

« Adhaesit pavimento anima mea ! » Pauvres âmes qui se sont attachées aux choses terrestres, comme elles souffrent dans la région du purgatoire !

Gens de la région du purgatoire ! Écoutez-moi, rappelez-vous Pygmalion : sa passion pour l’or fit de lui un traître, un escroc, et de plus, pour comble de malheur, un parricide.

Et que pouvons-nous dire de la misère de Midas l’avare, avec ses demandes absurdes, devenu un personnage ridicule pour d’innombrables siècles.

Que pouvons-nous dire de la paresse, cette sirène qui distrait les marins sur la mer immense de l’existence ? La pestilence émane de son ventre horrible ; c’est elle qui éloigna Ulysse du chemin.

Gloutons du purgatoire ! Regardez Boniface, qui rassasia tellement de gens ; voyez Messer Marchese, qui pour avoir omis de boire à Forli alors qu’il en avait le temps et que sa soif était moins grande, éprouva ensuite une soif telle qu’il ne put jamais l’étancher.

Rappelez-vous les damnés grassouillets qui prirent forme dans les nuages et combattirent Thésée avec leurs doubles poitrines.

Rappelez-vous les Juifs qui démontrèrent leur mollesse en buvant, raison pour laquelle Gédéon refusa de les prendre pour compagnons lorsqu’il descendit des collines, près de Madian.

Je vis et j’entendis dans le purgatoire des choses épouvantables ; y revivant toutes les bestialités des temps antiques, je m’y sentis en vérité comme transformé en porc.

Un jour parmi tant d’autres, alors que je discutais avec une âme qui m’accompagnait dans le purgatoire, je lui dis : « Ma sœur, ici nous sommes devenus des porcs. »

« En effet, me répondit-elle, ici nous nous sommes transformés en cochons. »

Le temps passait et je souffrais l’indicible à incinérer les semences malignes, à éliminer les « cochonneries ».

Et de nombreuses âmes, des compagnes du purgatoire avaient l’air de cadavres en décomposition étendus dans des lits de douleur : elles éliminaient des semences, d’horribles larves immondes, de mauvaises tendances.

Ces âmes soupiraient et se lamentaient. Jamais je n’oubliais ma Mère divine, je la suppliais sans cesse de m’aider dans ce travail du purgatoire, d’éliminer pour moi tel ou tel défaut psychologique. La lutte contre moi-même fut terrible.

Finalement, une nuit, la sainte Déesse-Mère Kundalini entra dans la région du purgatoire déguisée en homme. Je la reconnus intuitivement.

— Pourquoi vous êtes-vous déguisée en homme ?, lui demandai-je.

— Pour entrer dans ces régions-ci, fut sa réponse.

— Quand me sortirez-vous d’ici ?

Elle, l’Adorable, fixa alors la date et l’heure.

— Ensuite viendra l’instruction télévoyante, ajouta-t-elle.

Il est évident que je compris tout cela.

Différents détails confirmaient les dires de ma Mère : les sept « P » s’étaient peu à peu effacés, l’un après l’autre ; les purifications étaient évidentes et manifestes, claires et positives.

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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