Écrit par : Gnostic InstructorCatégorie : Spiritualité Pratique
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Krishna (Christ) et Arjuna (l’âme humaine) sur le champ de bataille de la vie

«Quand le mental suit les sens errants, alors il emporte notre discernement, comme le vent le fait avec un bateau sur l’eau.

Par conséquent, O Arjuna puissamment armé, la connaissance est stable dans celui dont les sens sont complètement restreints des objets de sens.

Ce qui est nuit à tous les Êtres, en cela l’auto-contrôlé est éveillé; quand tous les Êtres sont éveillés, c’est nuit pour le Muni (le sage) qui voit.

On atteint la paix quand tous les désirs entrent comme les eaux entrent dans l’océan qui, rempli de tous les côtés, reste impassible; mais pas celui qui est plein de désirs.

Celui-ci atteint la paix, abandonnant tous les désirs, se déplaçant sans désir, sans le sentiment du mien et sans égoïsme.

C’est le siège Brahmique (état éternel), fils de Pritha. En arrivant à cela, aucun n’est trompé. S’étant établi là, même à la fin de la vie, on atteint l’unité avec Brahman.» – Bhagavad-Gita 2: 67-72

Dans l’exercice de Méditation d’aujourd’hui, nous avions cherché activement à être non seulement conscients des sens et des sensations venant à travers les sens, mais à nous en éloigner. Nous voulions avoir le corps dans une posture détendue, calme, et quand des sensations émergeaient sur le corps de ne pas y répondre, mais simplement les laisser faire.

Ce passage de la Bhagavad-Gita explique comment, lorsque les sens errants attirent le mental, il emporte notre discernement. En d’autres termes, nous devenons identifiés; nous perdons l’attention.

Par exemple, dans la Méditation d’aujourd’hui, si vous avez ressenti une démangeaison et que vous l’avez gratté de manière impulsive, mécaniquement, à ce moment-là vous vous êtes identifié, vous avez oublié que vous étiez censé vous concentrer, méditer. Le mental est attiré par les sens pour effectuer une action. Ensuite, vous devez vous poser des questions: qui est responsable de votre vie? Votre volonté ou votre corps? Si le corps a une démangeaison ou un malaise et que vous continuez à le gratter, vous faites automatiquement ce que le corps exige, alors le corps est responsable de votre vie. Il dit: «Hey! gratte moi» et vous le faites. Cela signifie que la volonté, la Conscience, est asservie par les sensations. Votre Conscience n’est pas responsable.

Si vous observez votre vie et votre comportement au jour le jour, vous verrez que c’est la condition de l’humanité. Nous sentons le besoin de sucre et nous ne pouvons pas le contrôler, alors nous le mangeons. Nous ressentons l’envie de pommes de terre frites, de chocolat, de sexe, de télé, d’aller ici, d’aller là-bas, de manger ou de boire… de la sensation en sensation. Nous ressentons l’envie de nous mettre en colère, d’avoir les sensations de colère ou de ressentir les sensations de la honte, de la dépression, et, inconscients de cela, nous suivons chacune de ces envies, suivant chacune de ces sensations comme des esclaves. Entraînés comme un bateau conduit par le vent… et nous souffrons. C’est la condition de l’humanité.

Dans l’ésotérisme, nous appelons cela un état de «sommeil», où la Conscience – inconsciente de sa vraie nature – est entraînée sans aucune Conscience de ce qui se passe. Chaque fois qu’elle agit sous la colère et agit sous la luxure et agit sous la fierté, elle approfondit son conditionnement et approfondit sa souffrance. C’est pourquoi notre situation est aussi grave qu’elle l’est.

Une partie du but de l’apprentissage de la Méditation est de prendre Conscience du pouvoir des sens et d’apprendre à les contrôler. Il est important d’apprendre à connaître le percepteur qui utilise les sens. En ce moment, nous ne sommes pas conscients de cela. Vous pourriez en être conscient au moment où je vous en parle, mais pendant la plus grande partie de votre vie, vous n’avez pas su que vous voyiez à travers vos yeux et vos oreilles. Vous en avez peut-être l’idée, mais vous ne l’avez pas activement observé, remarqué d’instant en instant que l’information visuelle traverse les yeux, est traduite dans le cerveau et envoyée dans votre mental où elle est interprétée et donnée un sens. La même chose se produit avec le son, le toucher, le goût et l’odorat.

De tous les sens, il y a beaucoup d’informations qui arrivent tout le temps, mais nous ne sommes pas conscients de ce processus, nous n’en sommes pas conscients. Au lieu de cela, nous réagissons simplement aux sensations agréables et désagréables, recherchant toujours les agréables, évitant toujours les désagréables, et à cause de cela nous tombons dans l’illusion en pensant «Si je peux acquérir assez de cette agréable sensation, je serai enfin heureux. Si je peux me fusionner avec cette chose agréable alors je peux éviter les choses désagréables et je serai finalement heureux…»

Mais cela n’arrive jamais. Cela n’est arrivé à personne dans l’histoire… jamais… et ce ne sera jamais le cas parce que c’est une illusion. C’est impossible!

Le plaisir et la douleur sont les deux faces d’un même phénomène. Tant que nous sommes identifiés à ce phénomène, nous allons souffrir. La poursuite du plaisir crée la douleur. C’est la nature de ce qu’on appelle «maya», l’illusion, ce n’est pas la réalité. C’est ce que nous devons apprendre… comment briser ce cycle, comment en sortir, comment ne pas avoir le mental entraîné par les sens. C’est le but du Yoga, le but de la religion: former la Conscience à Être, afin qu’elle ne soit plus identifiée ni au plaisir ni à la souffrance, mais les voit tous les deux de la même manière: sans attachement, sans peur, sans aversion, envie.

Pour apprendre cela, la première chose que nous devons apprendre est la concentration.

Concentration

«Sans une sage concentration de la pensée, l’expérience de la vérité est impossible.» – Samael Aun Weor, Le Pouvoir Spirituel du Son

«La concentration est la première chose qu’un sadhaka ou un aspirant devrait acquérir sur le chemin spirituel.» – Swami Sivananda

Si vous avez étudié la Méditation, vous aurez entendu parler de l’importance de la concentration. C’est la chose que vous apprenez. C’est la première pratique qui vous est donnée. Les élèves apprennent à observer leur respiration, à visualiser une divinité, à répéter une prière, à répéter un mantra, à visualiser un yantra, à focaliser l’attention sur un point, à focaliser l’attention sur un son, etc. Tous ces types de pratiques nous aident à développer une continuité de perception. C’est vraiment ce que la concentration signifie: une continuité de perception.

Dans l’exercice que nous avons fait avant la conférence d’aujourd’hui, nous vous avons donné des instructions et quelque chose sur quoi nous concentrer. Alors réfléchissez maintenant à votre expérience de cet exercice, et réfléchissez à cela un moment. Combien de temps avez-vous pu maintenir la concentration avant de devenir distrait? 1 respiration, 2 respirations, 3 respirations, une minute, 2 minutes, 3 minutes? Est-ce que la durée de votre conscience était courte et concentrée ou était-ce longue? Étiez-vous distrait plus souvent et rêviez plus souvent ou étiez-vous concentré plus souvent? Étiez-vous conscient de vous tout le temps?

Pour la plupart des débutants, vous avez pu être conscient pendant quelques secondes juste quand l’exercice a commencé, mais alors le mental nous assaille de pensées, et le corps se gonfle de sensations, et avec toutes ces pensées, souvenirs, soucis, rêves et sensations, quelques instants après avoir commencé la pratique, nous sommes partis au pays des rêves, ne méditant pas mais rêvassant, pensant à ceci, pensant à cela, puis nous ressentons un malaise dans le corps alors nous essayons de nous ajuster, de nous gratter ou de tendre le bras ou étirer notre jambe, de sorte qu’après 20 minutes ou une demi-heure nous nous arrêtons et nous nous disons: «Ah! J’ai fini. J’ai médité. C’est bon pour moi», alors qu’en réalité 99% du temps nous étions complètement distraits, pas conscients de ce que nous faisions, pas conscients de nous-mêmes. En d’autres termes, notre état psychologique était tel qu’il est toujours: sans continuité de Conscience.

La plupart du temps, notre attention est dispersée, désintégrée, divisée, fractionnée, divisée au fur et à mesure des sauts: un peu sur notre corps, un peu sur la chambre et un peu sur le son, d’un côté, et un peu de quelques pensées qui fluent, et un peu de quelques soucis qui nous dérangent – où l’attention est dispersée parmi beaucoup de choses et fluctuant constamment. C’est pourquoi la concentration n’apparaît que comme une conséquence du RETRAIT de l’attention de toutes ces distractions. Tant que vous continuez à être distrait par les nombreux événements dans vos sens, vous n’apprendrez pas à méditer. Au lieu de cela, votre mental restera profondément divisé, distrait, désintégré. Votre attention sera une ombre, superficielle, instable, chaotique.

Contrairement à cela, quand nous sommes dans la concentration, notre attention est sur une chose et ne vacille pas, quoi qu’il arrive. Nous restons concentrés sur cette seule chose. Le corps pourrait se plaindre, il pourrait y avoir un son, mais nous restons concentrés sur cette seule chose, détendue, concentrée, ininterrompue. C’est d’avoir de la concentration, et ce n’est que le début de la Méditation. Ce n’est pas la Méditation elle-même, c’est la préparation. C’est ce que vous avez besoin pour apprendre à réellement méditer.

La concentration est simplement la capacité de placer votre attention sur quelque chose et de ne pas l’enlever. Chacun de nous peut le faire. Si je mets votre émission préférée sur le téléviseur en ce moment, vous pourrez vous concentrer parfaitement bien. Si vous mettez votre chanson préférée, ou amenez une personne qui vous attire, vous pourrez vous concentrer très bien, sans distraction, car un désir incite vos sens à se concentrer sur cette chose. Remarquez à quel point vous vous concentrez facilement sur votre sport préféré, votre musique préférée, votre nourriture préférée: chacun utilise une sensation pour attirer votre attention sur cette chose. Il attire le mental, mais dans ce cas, il attire le mental dans l’identification avec le plaisir.

Quand il s’agit de Dieu, de la divinité ou de la spiritualité, nous ne ressentons aucun désir pour cela. Cela ne nous attire pas de la même manière. C’est plus difficile pour nous, parce que nous n’avons pas le souvenir de vivre ces choses. Nous ne nous rappelons pas la vérité sur notre vraie nature. C’est pourquoi la Méditation est difficile pour nous.

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Le cours précédent que nous avons donné, intitulé Les Essentiels de la Méditation, explique cet enseignement du Bouddhisme Tibétain sur les étapes du Shamatha (Restant Calme, stabilité méditative ou sérénité méditative). Il illustre simplement neuf étapes de concentration, du débutant absolu jusqu’à la concentration parfaite. Le long de ce chemin venteux se trouvent des symboles (Panchakamaguna: «cinq objets du désir») qui se rapportent aux sens – le toucher, le goût, le son, la vue et l’odorat – parce que la concentration et les sens sont intimement liés les uns aux autres. Pour étudier la concentration, pour comprendre la concentration, nous devons également comprendre les sens. Nous devons comprendre comment l’attention est attirée par les sensations à travers les sens, et comment travailler avec cela.

Nous avons expliqué les étapes du Yoga. Ils sont appelés Ashtanga («huit membres»).

  1. Yama: auto-restriction
  2. Niyama: préceptes
  3. Asana: posture; relaxation
  4. Pranayama: harnachement de la force de vie
  5. Pratyahara: retrait des sens
  6. Dharana: concentration
  7. Dhyana: Méditation
  8. Samadhi: état super-conscient, béatitude, extase

Dans ce cours jusqu’à présent, nous avons parlé de quatre.

Yama et Niyama sont les étapes un et deux.

Yama signifie littéralement «auto-restriction». Cela signifie aussi «mort». Dans l’Hindouisme et le Bouddhisme, le Dieu de la mort s’appelle Yama, ce terme signifie «finir, cessation, arrêter» et c’est pourquoi il est également interprété comme «auto-restriction». Dans la première étape du Yoga, Yama, nous arrêtons les actions nuisibles, les actions qui conditionnent la Conscience, les actions qui produisent la souffrance, qui produisent la tension, la douleur, qui font que le mental est dans le chaos. Si vous nourrissez continuellement votre colère et exprimez votre colère, vous dérangez votre mental, votre corps, votre cœur et tout le monde autour de vous. Pour avoir la sérénité, la Méditation, vous devez arrêter ce comportement.

Pour expérimenter la Méditation, vous devez cesser d’agir sous l’influence vos émotions négatives – la colère, la luxure, l’envie, la peur, la cupidité, la gourmandise, l’avarice, l’égoïsme de tous types. C’est de cela que parle Yama: restreindre l’ego, ne pas laisser l’ego diriger vos comportements. Si quelqu’un ne le fait pas, il ne pourra jamais pratiquer le véritable Yoga. C’est pourquoi nous disons que la plupart des gens ne savent pas ce qu’est le Yoga. La plupart des gens iront à ce qu’ils appellent «Yoga» et ils vont étirer leur corps, mais pendant qu’ils font cela, ils sont activement engagés dans leur orgueil, se sentant supérieurs aux autres, et leur vanité, très vaniteux au sujet de leur apparence. Ils sont très engagés dans leur luxure, cherchent à avoir d’autres qui les convoitent, ou convoitent les autres… Ils sont très engagés dans leur envie, souhaitant avoir le corps de l’instructeur, etc… Avec ces comportements, ils ne réduisent pas leurs qualités négatives, ils les fortifient: renforcent l’orgueil, la luxure, construisent l’attachement à des choses impermanentes et peu fiables, comme le corps physique. Ils construisent le désir, donc ils ne font pas le premier pas du Yoga qui est Yama – restreindre l’ego, renoncer à l’ego.

Dans l’étape de Niyama, nous adoptons de meilleurs comportements. Nous adoptons des manières de vivre et de se comporter qui sont bénéfiques à la Conscience. Donc, cela inclut des choses comme l’étude des Écritures, l’étude de la divinité, la pratique de la Méditation et l’adoption d’autres types et modes de comportement qui facilitent notre objectif, qui est d’atteindre le Yoga.

Dans la troisième étape, Asana, nous apprenons à nous détendre. C’est sa principale fonction: placer le corps dans une position où il peut être parfaitement détendu pour la Méditation.

Notre Asana, notre posture doit devenir parfaitement immobile. Pas même une paupière battante… parfaitement immobile… Le corps est un vase qui conditionne la Conscience. Tant qu’il continue à bouger, il continue d’attirer notre attention sur les sens. Rappelez-vous comment les sens attirent le mental comme un bateau sur les eaux? Si vous voulez échapper au corps, alors le corps doit devenir calme, immobile.

Une fois que la relaxation et la posture sont établies, alors vous commencez à pratiquer le Pranayama. Cela signifie littéralement «exploiter la force de vie». Pranayama est un mot très riche qui a beaucoup d’implications et nous l’avons expliqué lors d’une conférence précédente, mais dans le contexte d’une seule session de Méditation, cela signifie que nous faisons un exercice pour cultiver l’énergie et diriger l’énergie. Nous l’avons donc fait aujourd’hui dans notre pratique. Nous avons fait de la respiration et de la visualisation pour attirer l’énergie dans le cerveau et l’envoyer dans le cœur. C’était une pratique de Pranayama.

La chose la plus importante à savoir à propos du Pranayama est que si nous n’avons pas d’énergie dans le corps, il n’y a rien à harnacher. La plupart d’entre nous gaspillons notre énergie en permanence. Pour accéder au Yoga, nous devons conserver l’énergie, épargner l’énergie, la stocker, ne pas la gaspiller. Toute action, tout acte que nous voulons accomplir dans le monde requiert de l’énergie et la meilleure chose que nous puissions faire est d’éveiller la Conscience et de développer l’âme. Cela nécessite une énorme quantité d’énergie. Donc, si nous gaspillons de l’énergie dans des actions stupides, dans le ridicule, alors quand nous nous asseyons pour faire notre Pranayama, nous n’aurons rien à harnacher.

Ces quatre préparations constituent la base de la Méditation. Elles sont ce qui nous permettent de stabiliser nos vies de sorte que lorsque nous nous asseyons pour méditer, nous pouvons réellement commencer à y parvenir. Nous avons une chance de l’atteindre. Si celles-ci ne sont pas activement engagés dans notre vie, nous n’apprendrons jamais le Yoga ni comment méditer.

La cinquième étape est Pratyahara. C’est le sujet de la conférence d’aujourd’hui.

Pratyahara

«Pratyahara: (Sanskrit प्रत्याहार) Littéralement, «se retirer, reculer, retrait»

Pratyahara signifie littéralement «retrait». Cela signifie sortir l’attention des sens, alors réfléchissez à vous en ce moment, vous êtes dans votre corps percevant à travers vos sens.

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Nous parlons toujours de cinq sens primaires. Ils sont très évidents – toucher, ouïe, goût, vue, odorat – et maintenant juste un instant, juste comme une expérience, retirez votre attention des cinq. (Une pause pendant que l’instructeur permet aux étudiants de faire ceci). Pouvez-vous le faire? Eh bien, vous m’entendez toujours. Vous m’entendez encore et vous ressentez toujours votre corps. Vous pourriez fermer les yeux, mais si je dis chocolat, pouvez-vous voir du chocolat? Si je dis singe, pouvez-vous voir un singe? Il y a un sixième sens, qui est la visualisation, l’imagination. Si je dis mère et père, voyez-vous des images? Pouvez-vous retirer l’attention de ces images aussi?

Pratyahara est un état de perception dans lequel la Conscience est retirée des sens. Réfléchissez à cette pratique que nous avons faite aujourd’hui. L’exercice consistait à se détendre, se concentrer et se retirer dans le perceveur – se retirer des pensées, se retirer des sensations sur le corps physique, se retirer des émotions, des images, des rêves, des souvenirs et se retirer chez celui qui voit. Pas ce qui est vu, mais celui qui voit. En tant que concept, cela semble simple, peut-être un peu mystique, mais en tant que quelque chose qui se fait à travers l’action, ce n’est pas si simple parce que nos sens conditionnent très fortement la Conscience. Le sens du toucher est indéniable, c’est un conditionnement très fort. L’audition est un conditionnement très fort. La Vue aussi. Peut-être que l’odorat et le goût ne sont pas si forts en ce moment, mais si je mets une grande assiette de nourriture devant vous et que vous avez vraiment faim, c’est difficile à contrôler, surtout si vous n’avez pas mangé depuis un jour ou deux. Le sens de l’odorat et le sens du goût sont très difficiles à contrôler. Le mental est très engagé à travers ces sens.

Pratyahara est un état de Conscience où la Conscience s’est retirée des sens et est centrée sur elle-même. C’est pourquoi toutes les étapes précédentes sont si importantes. Avec l’auto-restriction (Yama) nous retirons la Conscience de sa dépendance aux sensations nocives. Nous arrêtons les habitudes à travers lesquelles nous créons la souffrance – la colère, la luxure, l’envie, l’orgueil, etc. Toutes ces choses sont enracinées dans les sensations. Nous ne sommes pas conscients de cela. La luxure est un exemple facile à voir. La luxure, à la surface, semble être un besoin physique lié à la sexualité, mais en fait, elle est psychologique et non physique. La luxure est une dépendance psychologique, pas un besoin physique. Le corps répond seulement aux impulsions du mental. En elle-même, notre pulsion instinctive pour la procréation ne devrait être que saisonnière et non quotidienne.

Nos autres défauts sont similaires: la colère n’atteint le corps que parce que le mental souffre de colère. L’orgueil est une affection psychologique liée aux sensations que nous éprouvons physiquement, émotionnellement et mentalement. L’orgueil est une sensation psychologique de se sentir mieux que les autres et qui se reflète dans les sensations que nous ressentons dans le corps. Cela nous fait nous sentir un peu haut, un peu excités, enflés et c’est une expérience addictive, mais entièrement négative. L’envie est la même. La peur, c’est aussi une dépendance. Que pensez-vous du stress et de l’anxiété? Aucun d’entre nous ne réalise vraiment cela, mais nous créons de l’anxiété parce que nous l’aimons. Nous devenons habitués à nous sentir stressés et nous créons toujours de nouvelles façons d’être stressé. C’est absurde, mais nous le faisons.

À travers l’auto-restriction et les préceptes, les deux premières étapes du Yoga, nous apprenons à prendre Conscience de ces choses et à les arrêter, adoptant des comportements qui arrêtent cela. À travers la posture et la relaxation, nous prenons volontairement le contrôle du corps et nous le disons, «vous va être immobile et te détendre.» Vous n’avez pas besoin de courir constamment stressé juste parce que la société dit que c’est ce qu’on attend de vous. C’est un mensonge. Pour cette prochaine demi-heure ou heure ou quoi que ce soit pour ma pratique de la Méditation, je vais me détendre.» Ensuite, avec le Pranayama, nous prenons l’énergie que nous aurions pu gaspillé autrement en actions nuisibles et nous la dédions en quelque chose de bénéfique. Nous nourrissons la Conscience elle-même pour se préparer à la Méditation et ensuite nous nous engageons dans la pratique que nous accomplissons.

En tant que débutant, nous avons un large éventail de pratiques avec lesquelles nous pouvons travailler. Tous sont basés sur deux compétences fondamentales qui doivent être développées en plus de celles que j’ai déjà expliquées. La première est la concentration, la capacité de placer l’attention sur une chose et de l’y laisser. La seconde est la visualisation, le pouvoir de l’imagination, d’avoir la capacité d’imaginer quelque chose et de maintenir cette image. Ces deux compétences en combinaison les unes avec les autres sont ce qui mène à la Méditation. Donc, en développant la concentration et l’imagination d’une manière unifiée, la seule façon de le faire est de retirer l’attention de tout ce qui la distrait… les sens. Si vous êtes assis en Méditation en train de vous concentrer sur la visualisation de quelque chose mais que vous êtes distrait par quelqu’un qui parle dans le couloir, ou de la musique, ou le train qui passe, les sons de vos camarades ou de vos voisins, vous n’apprendrez jamais à méditer. Mais si vous êtes capable de placer l’attention rigoureusement et de la maintenir là sur votre visualisation, vous finirez par accéder à un état de Conscience dans lequel votre concentration est placée, elle est stable et tout dans les sens devient abstrait. Vous pourriez entendre ce bruit, vous pourriez sentir une brise ou le grondement de la faim, ou une gêne dans votre corps, vous pourriez sentir un changement de température, mais vous ne serez pas distrait par cela. Les pensées peuvent fluer, les souvenirs peuvent fluer, mais votre attention reste fixée sur l’objet de la Méditation. Vous avez accédé à ce qu’on appelle Pratyahara. C’est une qualité de concentration. Ce n’est pas la concentration complète, c’est le début.

Dans Pratyahara, l’attention est retirée des sens et placée sur un objet et commence à être capable de rester dessus. En d’autres termes, la psyché commence à se stabiliser. Le chaos du mental commence à s’atteler. Les sens perdent leur pouvoir de manipuler notre attention. Nous commençons à développer la volonté.

Pratyahara est le nœud du Yoga. C’est le levier. Donc si vous pouvez imaginer comme exemple, quand vous essayez de grimper quelque chose qui est très haut et que vous portez un gros poids, un gros sac plein de pierres, ça va être dur. Il serait judicieux de se débarrasser des rochers, de les laisser tomber. Quelles sont ces roches? Mauvaises habitudes, addictions, tendances néfastes surtout liées à la luxure. Si vous commencez à laisser tomber ces choses lourdes, ces habitudes, ces comportements, vous deviendrez plus léger. Il deviendra plus facile d’escalader cette échelle. Vous commencez à pratiquer, en grimpant l’échelle. Quand vient le moment où vous obtenez une prise en main et que vous êtes capable de vous lancer, c’est Pratyahara en termes de Méditation. Cet état de Conscience, de concentration, est ce qui vous propulse dans les aspects avancés ou supérieurs de la pratique.

«Dharana et Dhyana viennent automatiquement si Pratyahara est parfait.» – Swami Sivananda

C’est Pratyahara qui permet à tout le Yoga de se produire.

Dharana est une vraie concentration. Dhyana est la Méditation elle-même. Samadhi est l’extase. Tout cela arrive une fois que vous développez Pratyahara.

En tant que débutants, c’est là que nous devons nous concentrer, la cinquième anga, la cinquième branche du Yoga : Pratyahara, le retrait des sens.

Cela peut être en préparation 24 heures par jour. Apprenez à contrôler la façon dont l’attention utilise les sens tout le temps.

Ceux d’entre vous qui ont assisté à nos retraites savent que parfois nous enseignons une expérience où nous travaillons avec chaque sens individuellement. Nous nous concentrons sur l’utilisation de chaque sens dans l’isolement. Nous nous asseyons, nous ouvrons les yeux et regardons dehors et nous ne faisons attention qu’à voir, ne pas nous concentrer sur une chose en particulier, mais voir tout ce que nous pouvons voir simultanément. Nous utilisons l’intégralité de notre vision, toute notre vision périphérique, pour tout voir en même temps. Mais remarquez, si vous avez essayé cette expérience, que si vous arrêtez pour identifier une chose ou penser à une chose, vous arrêtez de voir tout le reste. Au lieu de cela, vous pensez. Pour continuer à voir, vous devez arrêter de penser, et continuer à voir, continuer à regarder. C’est quelque chose que vous pouvez faire seulement sans pensée, sans analyse, sans distraction, sans y être engagé, sans rêverie, sans fantasmer. C’est un objectif constant. Cet exercice enseigne beaucoup sur le fonctionnement de la Conscience.

Pour développer Pratyahara, vous avez besoin de la capacité de contrôler comment l’attention fonctionne à travers les sens tout le temps. Soyez conscient de la façon dont vous utilisez l’attention et les sens, attentif à cela, prenez Conscience de cela et choisissez comment vous l’utilisez.

C’est l’une des significations du char dans la Bhagavad gita:

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«Le monde entier est un grand champ de bataille… La bataille de Mahabharata fait toujours rage à l’intérieur de toi… L’ignorance (Avidya) est Dhritarashtra [le roi aveugle que tu combat]. L’âme [humaine] individuelle est Arjuna. L’habittant qui habite dans ton cœur est le Seigneur Krishna [le Christ], le conducteur de char. Le corps est ton char. Les sens (Indriyas) sont les chevaux. Le mental, l’égoïsme, les sens, les Samskaras (impressions mentales), les Vasanas (tendances latentes), les envies, Raga-Dvesha (aime et déteste), la luxure, la jalousie, la cupidité, la fierté et l’hypocrisie sont vos ennemis terribles.» – Swami Sivananda

Le Yoga consiste à établir un contrôle conscient de nos sens, non seulement lorsque nous les utilisons, mais aussi parce que nous sommes capables de nous en détacher à volonté.

Pratyahara signifie littéralement le retrait ou le retrait ou la retraite et cela a à voir avec la façon dont la Conscience fonctionne à travers le corps. L’information qui flue dans les sens frappe tout le temps ce que nous appelons les trois cerveaux, les cinq centres, et c’est ici que ces données ou informations sont interprétées. Les choses que nous voyons et entendons sont traitées mécaniquement dans la psyché. Cela ne demande aucun effort. Par exemple, tout le monde ici a appris le Français, et vous ne pensez pas aux mots individuels spécifiques, ni à la structure de la phrase, ni à la structure des paragraphes de ce que je dis. Vous capturez le sens instantanément, à cause de cette dynamique qui se passe en chacun de nous. C’est un processus automatique. Vous n’êtes pas conscient d’utiliser le Français, ou les mots, ou les sons.

Le problème est que nous pensons que la libération de la souffrance peut également se produire automatiquement, mécaniquement, mais elle ne le peut pas. La libération de la souffrance ne se produit que lorsque nous devenons conscients de l’information qui entre dans les sens. Nous commençons à capturer la vérité seulement lorsque la Conscience est pleinement active d’instant en instant. Cela n’arrive que lorsque la Conscience est active. Cela ne peut pas arriver automatiquement. S’il y avait un moyen pour que les êtres humains deviennent automatiquement des Maîtres, Bouddhas, Anges, alors cette planète entière serait déjà un Paradis, mais ce n’est pas le cas. Cette planète est affligée d’une souffrance incroyable… souffrance époustouflante parce qu’il n’y a pas de chemin automatique pour devenir un Bouddha, un Ange, un Maître. Cela n’existe tout simplement pas.

Devenir un Maître est un travail de révolution consciente en soi-même – changement conscient, connaissance consciente. Si quelqu’un a encore de la colère, de l’orgueil ou de la luxure, il ne peut devenir un Maître complet, un parfait Bouddha, un ange parfait, parce que ces Êtres n’ont ni orgueil, ni envie, ni luxure, ni colère, ni cupidité ni gourmandise et toutes ces quantités que nous avons en abondance. Pour devenir un Être si pur, nous devons nous libérer de ces qualités impures. Nous devenons libres de ces qualités impures en éveillant la Conscience, et pour nous éveiller, nous devons être conscients des sens: comment la Conscience travaille à travers le corps, à travers les sens, et apprendre à changer ce traitement mécanique des données entrantes en un conscient.. Nous avons besoin du corps, nous avons besoin de sens, mais nous devons les utiliser consciemment.

«Pratyahara («retraît) est celui par lequel les sens (indriya) ne s’associent pas à leurs objets, et imitent la nature du truc-mental (chitta).» – Yoga Sutras 2:54

Nous ne sommes pas conscients de la perception des sens. Nous en avons l’idée, nous «savons» que nos yeux voient visuellement, mais nous ne sommes pas conscients en percevant. Nous ne sommes jamais vraiment conscients de nos globes oculaires ou du cerveau et de son rôle dans l’interprétation des données visuelles.

Nous ne savons pas comment, quand nous voyons quelque chose, nous mettons des étiquettes qui sont entièrement subjectives et qui n’ont rien à voir avec la réalité. Si un chien se promène ici, chacun de nous interprétera notre perception de ce chien d’une manière différente, basée sur nos expériences passées. Si vous avez été mordu par un chien, vous aurez peur. Si vous avez eu des chiens comme animaux de compagnie, vous vous sentirez heureux. Si vous n’avez jamais été autour d’un chien, vous vous sentirez anxieux, incertain. Aucune de ces réactions n’est réelle ou objective. Elles sont chacune basées sur des interprétations subjectives des perceptions. Elles sont subjectives, basées sur nos expériences. Aucun de nous ne sera conscient de cela. La vérité est quelque chose de plus profond et ne peut être captée que par celui qui est conscient, attentif, percevant activement et conscient d’eux-mêmes dans le processus. Pour voir la vérité de ce chien, la réalité de ce chien ne vient pas mécaniquement ou automatiquement. Cela ne peut pas. Cela ne peut arriver qu’à celui qui entre activement dans cette expérience consciemment et acquiert quelque chose de plus que le niveau superficiel de la perception. C’est ce que conduit Pratyahara.

Cela semble étrange qu’en se retirant des sens, vous acquérez la connaissance de la réalité, mais c’est exactement ce qui arrive. Dans notre état actuel, nous pensons que nous sommes ce que nous voyons et percevons, et c’est notre erreur. Nous pensons que lorsque nous prenons ce repas, nous avons rêvé toute la journée que nous serions si heureux quand nous le mangeons parce que nous sentons que cette chose est en quelque sorte liée à ce que nous sommes et c’est notre identité. En obtenant cette nouvelle tenue, ou en obtenant cette nouvelle voiture, ou en obtenant cette nouvelle épouse, ou en obtenant ce nouvel emploi, cette chose nous donnera le bonheur et qu’il est en quelque sorte lié à notre identité. On l’appelle «identification.» Nous ne sommes pas conscient de notre vérité. Nous sommes identifiés à la chose que nous percevons à travers les sens. Nous pensons que si nous obtenons ce nouveau petit ami ou cette petite amie, si nous avons des relations sexuelles avec cette personne, si nous nous marions à cette personne, nous allons enfin trouver le bonheur parce que nous pensons à tort que nous trouverons notre identité à cela. Ou que si nous commençons à faire du Hatha Yoga et étirons notre corps et devenons très maigre et attrayant que les gens nous aiment et nous envient et nous allons enfin être heureux. Nous avons tort parce que notre identité n’est pas le corps. Notre identité n’est pas ce que les autres pensent de nous. Notre identité n’est pas déterminé par des sensations agréables ou désagréables. Notre identité est le perceveur qui n’a pas actuellement conscience de lui-même, et quand le perceveur prend Conscience de lui-même, il commence à acquérir de la connaissance réelle. C’est ce pour quoi est la Méditation. En se retirant des sens, se retirant du corps, se retirant de l’orgueil et de la colère, de la peur et en recherchant dans celui qui perçoit, vous pouvez commencer à goûter la vérité. Cela demande du courage.

Nous recherchons notre identité dans le corps, dans notre nom, dans notre histoire, dans notre langue, dans notre culture, dans notre religion, et pensons que le «sens de soi», qu’ils nous donnent est réel et à travers eux, nous trouverons ce que nous sommes, mais chacun d’entre eux sont des illusions. Aucun d’entre eux ne sont fiables ou permanents. Aucun d’entre eux ne sont notre véritable identité.

Lorsque nous nous éloignons de ce qui nous a donné précédemment notre «sens de soi», cela fait peur, cela semble nouveau, cela semble étrange, cela semble inhabituel et c’est l’un des obstacles qui provoque beaucoup de gens à quitter la Méditation. Ils ont peur. La vérité est que ce que nous sommes est au-delà des sens, il est au-delà des pensées, il est au-delà des émotions, il est au-delà du simple corps physique. C’est quelque chose de très profond: c’est la Conscience elle-même, lorsqu’elle est inconditionnée, et a le bonheur déjà. Sa nature innée est l’amour. Sa nature innée est la sagesse, le contentement, la sérénité. Elle n’a pas besoin de choses à l’extérieur. Mais parce que nous n’avons pas été éduqués à utiliser la Conscience entièrement mais avons appris à l’asservir à des désirs, nous n’avons pas la force de volonté d’accéder à cette qualité. Nous avons oublié notre véritable source d’identité. Donc, nous cherchons toujours le contentement, la sérénité, le bonheur dans les choses extérieures: dans les épouses, dans les emplois, dans les possessions, etc. Cependant, ceux-ci déçoivent toujours.

À travers la Méditation, en se retirant de toutes les illusions que les sens apportent à la Conscience, nous commençons à briser cette identification aux illusions afin que la Conscience puisse prendre Conscience de nouveau d’elle-même. C’est ce en quoi consiste Pratyahara: se retirer de tout ce qui est à l’extérieur, et concentrer la plénitude de notre perception sur elle-même afin qu’elle puisse se voir. C’est ce en quoi consiste le Yoga.

Le mot Yoga vient d’un mot racine en Sanskrit, «Yug», qui signifie unir et implique unir à la vérité, unir à la réalité. Cela implique également de restaurer ou de mettre à nouveau ensemble quelque chose qui a été brisé, ce qui a été démonté. C’est exactement le but du Yoga. C’est de nous présenter une fois de plus à notre vraie nature. Pratyahara est le point crucial qui permet que cela se produise.

«Les afflictions qui empêchent le Yoga sont avidya (ignorance), asmita [égoïsme], attachement, aversion, et attachement à la vie.» – Yoga Sutras 2: 3

L’ignorance, avidyâ, est de ne pas connaître notre vraie nature. Ce n’est pas l’apprentissage du livre. C’est une absence de connaissance. C’est le manque d’expérience de notre vraie nature. Parce que nous n’avons pas cette expérience, nous ne nous souvenons pas de la vraie nature de la Conscience, les autres afflictions émergent – l’égoïsme, l’attachement, l’aversion et l’attachement à la vie. Celui que nous devons parler aujourd’hui est l’égoïsme.

«Égoïsme (asmita) est l’identification erronée de ce qui est vu avec la façon dont on le voit.» – Yoga Sutras 2: 6

Voilà ce que nous parlons aujourd’hui. Nous devons prendre Conscience de ce que nous voyons et comment nous le voyons. Parce que nous manquons de cette prise de Conscience, nous avons cette condition appelée «égoïsme».

Il y a deux mots importants utilisés par Patanjali par rapport à l’ego : Ahamkâra et asmita. Ahamkâra est la base pour le sens de «Moi» comme distinct de «autre». Ahamkâra n’est pas une chose, mais une condition, une perception erronée. Mais, il est très grave: de lui émergent toutes les souffrances.

«La graine du mental est Ahamkâra. Ahamkâra est le développement à travers les pensées du mental. Comme la première pensée est la pensée du «Moi» et que cette pensée du «Moi» est à la base de toutes les autres pensées, Ahamkâra est la graine du mental. Cette idée de «Moi» apportera dans son train, l’idée de temps, d’espace et d’autres puissances.» – Swami Sivananda

Asmita est la condition de méprendre ce que nous percevons comme se rapportant à nous-mêmes. C’est l’identification erronée ou l’interprétation de ce qui est perçu. Alors:

«Égoïsme (asmita) est l’identification erronée de ce qui est vu avec la façon dont on le voit.»

À cause de Ahamkâra (le sens de «Moi» comme séparé) dont nous souffrons d’asmita: nous croyons à tort que ce que nous percevons affirme l’existence de ce «Moi»

Autrement dit, nous avons un faux sentiment de soi et une perception fausse.

Quand vous voyez plusieurs personnes que vous connaissez chuchoter, et qu’ils jettent un coup d’œil sur vous, vous assumez immédiatement qu’ils disent quelque chose de critique sur vous. Nous ne savons pas les faits de ce qu’ils disaient ou sur qui, mais nous partons du principe que nous savons: notre fierté / honte / colère / peur construit une interprétation de ces perceptions, nous construisons une histoire élaborée dans notre mental, et nous croyons l’interprétation. Il ne nous vient pas de questionner cela, ou de penser positivement des autres, etc. ou, surtout, de ne pas faire attention à ce que les autres disent de nous.

Ce petit exemple illustre Ahamkâra et asmita de manière brute, évidente. La réalité est cependant beaucoup plus subtile.

A la racine de notre souffrance se trouve une perception erronée de soi. Nous nous accrochons à un sens de soi qui n’a aucun fondement dans la réalité. Notre sens de soi est une illusion.

Nous pensons que ce corps et les expériences que nous avons eues dans ce corps sont l’ensemble de notre identité, mais nous avons tout à fait tort. Ce corps ne représente qu’une fraction de nos expériences, mais notre Conscience est profondément endormie et hypnotisée par les données qui viennent à travers les sens, que nous sommes dans le corps ou hors du corps. Nous rêvons tous chaque nuit, toute la nuit. Nous ne nous souvenons pas beaucoup de ces expériences parce que notre conscience est inactive, endormie. Puisque durant le jour nous n’avons pas conscience de nous-mêmes, nous sommes aussi complètement endormis et inconscients pendant la nuit. Si nous ne sommes pas éveillés et conscients de nous-mêmes pendant que nous sommes dans le corps, n’allons pas être éveillé et conscient de nous-mêmes quand nous sommes hors du corps. C’est simple! Donc, si vous voulez être éveillé et conscient dans le monde des rêves, éveillez-vous ici et maintenant dans votre corps physique. Devenez éveillé et conscient ici et maintenant, tout le temps. Devenez profondément conscient de la façon dont vous utilisez votre corps d’instant en instant. Entraînez-vous pour avoir la continuité de la Conscience et quand vous le faites vous ferez la même chose hors du corps physique dans vos rêves. Vous deviendrez conscient de rêver. Voilà comment vous cassez cela – avec conscience, connaissance. Pour commencer à expérimenter la réalité. Cela ne se fait pas automatiquement, cela se produit seulement à travers la formation.

Cette formation repose sur devenir profondément, continuellement conscient de la distinction entre la Conscience et ce qu’elle perçoit. Comment perçoit-elle? À travers ses sens, que ce soit les sens physiques ou les sens plus subtils.

Voilà pourquoi le Bhagavad-Gita dit,

«Lorsque, comme la tortue qui retire ses branches sur tous les côtés, on retire l’indriya [puissance sensorielle, la puissance sexuelle] dans les objets des sens, alors la Conscience devient stable.

Les objets des sens se détournent de l’abstinent laissant l’aspiration (derrière); mais son aspiration se détourne aussi en voyant le suprême.

Les sens turbulents, O Arjuna, portent violemment loin le mental d’un sage si l’on s’efforce (pour les contrôler).

Après les avoir tous retenu il faut rester ferme, l’intention sur Moi; la sagesse est stable dans un sens qui sont sous contrôle.

Quand on pense à des objets, l’attachement pour eux se fait sentir; de l’attachement le désir naît; du désir la colère se fait sentir.

De la colère vient l’illusion; de l’illusion la perte de mémoire; de la perte de mémoire la destruction du discernement; de la destruction du discernement on périt.

Mais l’auto-contrôlé, se déplaçant parmi les objets avec les sens sous contrainte et libre de l’attraction et de la répulsion, atteint la paix.

Dans cette paix toutes les douleurs sont détruites; car l’intellect du mental tranquillisé devient bientôt stable.

Il n’y a pas de connaissance du Soi au chancelant et le chancelant aucune Méditation n’est possible, et au non-méditatif il ne peut y avoir de paix, et à celui qui n’a pas la paix, comment peut-il y avoir du bonheur.» – Krishna, Bhagavad Gita 2:67

Notez que pour ce faire, il faut reconnaître la différence entre les sens et ce qui les utilise. Lorsque nous ne sommes pas conscients de l’utilisation des sens, nous sommes identifiés, endormis.

Dans notre Méditation pratique, ayant déjà établi un comportement éthique dans notre mode de vie, nous apprenons alors à détendre le corps et le placer dans une position, parfaitement immobile et au repos. Ensuite, nous nous concentrons sur l’objet de notre pratique, et dans cette concentration, nous devons retirer l’attention de tout le reste. Vous voyez: nous retirons la Conscience de tous les sens, et nous nous concentrons à 100% sur une chose.

Pensez à ce sujet de cette façon. Si vous allez à l’extérieur et que vous voyez la lumière du soleil, il est beau. La lumière du Soleil va partout. Si vous prenez un verre, comme une loupe, et rassemblez les rayons du soleil et les concentrer, vous pouvez diriger ce rayon de lumière pour éclairer un endroit sombre, vous pouvez même allumer un feu. La même chose est vraie pour le son. S’il y a une personne loin de nous et que nous voulons qu’ils nous entendent, nous mettons nos mains en tasse et crions, et nous dirigeons le son vers cette personne. C’est ce que nous faisons lorsque nous apprenons la concentration: nous concentrons l’énergie dans un seul endroit. Pour ce faire, nous devons retirer l’attention de tous les sens, de tout le reste.

Si vous voulez vraiment apprendre la Méditation rapidement, focalisez l’attention à la visualisation. Pas sur les choses extérieures, mais en utilisant votre imagination… visualisez.

Si vous avez un problème dans votre vie – et je suis sûr que vous en avez, au moins un problème – alors la nuit ou le soir asseyez-vous, détendez-vous et retirez l’attention de tous les sens, puis placez 100% de votre attention sur la visualisation de ce problème. Imaginez ce problème, contemplez ce problème. Pour que cela devienne efficace, il est essentiel que vous retiriez vraiment votre attention de tout le reste. Imaginez les faits de ce problème, les situations qui s’y rattachent, mais voyez-le comme si ce n’est pas votre problème. Regardez dans une nouvelle façon. Tenez votre attention sur les images sans y penser. N’analysez pas, ne supposez pas, ne théorisez pas… Il suffit de visualiser et d’observer. Détendez-vous de plus en plus profondément jusqu’à ce que vous commencez à évoquer un type de somnolence dans laquelle vous vous sentez comme quand vous allez tomber endormi, et attendez dans cette porte du sommeil. Ne vous endormez pas, mais approchez le rêve, de sorte que vous visualisez ce problème, de nouvelles images commencent à émerger spontanément dans votre imagination. Voilà comment vous pouvez commencer à obtenir des informations sur cette chose. Ce qui fait que cela arrive est Pratyahara: retrait des sens.

Si vous avez retiré les sens de tous les objets des sens, votre Conscience devient très stable; c’est Pratyahara. Si vous maintenez cet état et vous détendez plus profondément, vous aurez accès à Dharana, qui est la concentration sur cette chose. Tout le reste va tomber, et cette image, ce problème que vous essayez de comprendre, deviendra radieusement stable dans votre imagination. Et si vous vous détendez plus profondément et que vous vous concentrez plus profondément, vous aurez accès à Dhyana, et vous aurez ce qu’on appelle une «absorption». C’est là que vous devenez si finement en harmonie avec cet objet sur lequel vous méditez, cet événement ou ce problème, ce «Moi», le sens de soi (Ahamkâra), est en train de tomber loin de vous. À partir de cela vous pouvez accéder à ce qu’on appelle «Samadhi». C’est là que la coquille de l’ego, de l’identité, se libère, et l’Âme, la Conscience, se libère pour un moment, et peut expérimenter et percevoir la vérité, la réalité, sans confusion, sans l’intervention du «Moi»: de l’orgueil ou de la peur ou de la colère ou de la luxure ou de toute autre qualité discursive. C’est dans cette perception claire que vous pouvez voir à travers ce problème à la racine de celui-ci, le comprendre et trouver la réponse que vous avez besoin. Tout cela peut se produire dans une fraction de seconde en plaçant simplement l’attention de la bonne manière et le retrait des sens.

C’est pour cela qu’est le Yoga. C’est pour cela qu’est la Méditation. Voilà comment cela fonctionne, et ce n’est pas compliqué. Nous avons juste besoin de la volonté de le faire.

Dans Pratyahara, retrait, nous commençons réellement à nous «retirer» du faux sens de soi. Nous pouvons expérimenter un nouveau «sens de soi,» une prise de Conscience que la Conscience est quelque chose de très intéressante…

Pour développer Pratyahara, les débutants apprennent les exercices de concentration basique: en apprenant à placer leur attention sur une chose, ils apprennent à focaliser les rayons d’attention sur cette chose; pour le faire efficacement, il est nécessaire de retirer l’attention de tout le reste. Le succès de cet effort nécessite seulement la pratique. Tout le monde peut développer la concentration préliminaire et atteindre l’état de Pratyahara. À ce sujet il n’y a rien de surnaturel: c’est une fonction naturelle de la Conscience.

Donc, si vous voulez développer Pratyahara, pratiquez en se concentrant exclusivement l’attention sur une chose. Faites-le, tous les jours, même plusieurs fois par jour, en étant calmement assis et fermez tous et même faites-le pendant que vous êtes actif: lorsque vous faites votre travail, concentrez-vous entièrement sur votre travail. Arrêtez toutes les distractions. Développez la concentration et le contrôle de vos sens.

La Bhagavad-Gita dit,

«Fermant tous les objets des sens externes, en gardant les yeux et la vision concentrée entre les deux sourcils, suspendant les souffles vers l’intérieur et vers l’extérieur dans les narines, et ainsi contrôlant le mental, les sens et l’intelligence, le transcendantaliste visant à la libération se libère du désir, de la peur et de la colère… Celui qui est toujours dans cet état est certainement libéré.» – Krishna, Bhagavad-Gita 5: 27-28

Ce type d’enseignement est quelque chose que nous devons mettre en pratique rigoureuse. Cela ne se produit pas du jour au lendemain. Cela ne se fait pas en un jour ou deux jours ou une semaine. Comme tout dans la nature, cela arrive selon les lois. Donc, si vous pratiquez de cette façon tous les jours, en permanence, et vous avez votre volonté fixé sur la résolution de ces problèmes fondamentaux qui causent des souffrances pour vous-même et les autres, vous pouvez radicalement les changer. Nous avons la Conscience, nous avons accès aux enseignements qui illuminent la Conscience ; tout ce qui nous arrête est la volonté de le faire.

Si vous réfléchissez sur la nature de la souffrance et si vous réfléchissez sur les lois de la nature, en particulier la cause et l’effet, vous verrez que la souffrance est facultative. Si vous continuez à souffrir, c’est parce que vous choisissez de se comporter de manière à produire la souffrance. S’échapper à la souffrance est tout simplement une question de choisir les actions qui nous font sortir de la souffrance… et la principale est la connaissance. La connaissance de soi-même. C’est le sujet de toute la Bhagavad-Gita… l’acquisition de la connaissance de nous-mêmes afin que nous ne continuons plus à faire les erreurs qui nous ont conduits dans un lieu de souffrance.

Exercice

Voici un exercice simple, vous pouvez pratiquer qui vous aidera à développer Pratyahara:

Méditation Pratique: Détendez-vous, devenez calme, pratiquez certains Pranayama. Retirez-vous de tous les sens, concentrez-vous à l’intérieur. Ensuite, chaque pensée, mémoire, Inquiétude, etc., qui vient au mental, étudiez son origine, sa cause; réfléchissez sur sa nature: est-ce un désir, un défaut? Alors imaginez un abîme profond. Jetez chaque pensée étudiée, chaque mémoire, inquiétude, etc. dans cet abîme.

Si vous pratiquez votre Méditation par jour, vous finirez par comprendre Pratyahara. Il fait partie d’un processus de développement de vos compétences en Méditation. Si vous n’accédez pas à Pratyahara et ne le comprenez pas, alors vous avez besoin d’étudier la Méditation de plus près, la science de cela, les étapes particulières par rapport à la façon dont vous vivez votre vie. Il n’y a pas de magie en elle. Il n’y a aucune compétence innée. Personne n’est particulièrement doué dans la Méditation. Ce n’est pas comme un sport ou un instrument de musique. Tout le monde peut apprendre à méditer, comme tout le monde peut apprendre à manger ou à boire ou à brosser les dents. La Méditation est tout simplement une façon d’utiliser ce que vous avez déjà. Développer Pratyahara c’est d’apprendre comment utiliser la Conscience à travers la concentration, la stabilité et le retrait des sens. À partir de cela vous pouvez accéder à tous les autres états de Yoga qui suivent. Et, si vous n’accédez pas à Dharana, Dhyana ou Samadhi, c’est parce que vous n’avez pas établi Pratyahara. Donc: mettre l’accent sur le développement du Pratyahara.

Cette conférence a été originellement donnée en Anglais par Glorian. La conférence originale est Pratyahara.

Catégories : Spiritualité Pratique